Composé en 2022, et remanié en mai 2024, ce coffre à jouets contient huit pièces courtes, assez faciles : – Préambule – Avion en papier – Soldat de plomb – Ours en peluche – Voilier – Lune et étoile – Un kayak – On range tout
Autant, des fois, j’ai du mal à préciser les nuances de ma partition. Autant, là, pour cet Interlude, en 3 minutes, j’ai, sans hésitation, défini, noté, toutes les nuances (piano, mezzo-piano, forte etc …). La composition elle-même m’a pris deux heures, presque sans ratures.
Pour la difficulté digitale, je dirais que c’est du niveau septième année.
Du point de vue rythmique : c’est une pièce très ambivalente, où les temps faibles deviennent des temps fort et réciproquement. La pulsation passe sans prévenir de la noire à la noire pointée. Les 8 croches de la mesure à 4 temps sont souvent regroupées en 3 + 3 + 2. Je recommande chaudement d’aborder cette pièce avec un métronome en soutien.
En fait, je m’aperçois que, dans mon interlude, je questionne sans cesse les appuis. J’ai volontairement brouillé les repères rythmiques pour, qu’aussi souvent que possible, les appuis soient ambivalents, changeants. Cela met à l’épreuve la concentration du guitariste. En retour, cela permet de ressentir la même jouissance, la même ivresse, la même légèreté, qu’un funambule en équilibre sur sa sangle.
C’est une pièce ouverte, les motifs mutent, mais le tempo est constant.
Il est très probable que je reviendrai à cette recherche d’ambivalence rythmique dans de futures compositions. Ivresse et légèreté : j’aime ça !
J’avais commencé cette sonate en 1993, j’y ai travaillé un mois. Finalement, malgré le temps passé, je n’arrivais pas à terminer cette sonate, les thèmes étaient réussis (à mon avis) mais la réalisation manquait de rigueur, il n’y avait pas de carrure établie. Il y a trois jours, le 29 avril 2024, j’ai décidé de finir cette sonate qui dormait dans un tiroir depuis 31 ans. J’ai conservé la thématique, les harmonies, j’ai juste charpenté l’ensemble afin qu’il repose sur une carrure établie soit en 4 mesures pour les mouvements 1 et 3, une carrure en 7 mesures pour le deuxième mouvement. Pour être clair, mon travail a consisté à enlever ou à ajouter un ou deux temps ici ou là, afin que les phrases s’inscrivent toutes dans la carrure majoritaire du mouvement.
J’avais déjà utilisé certains passages de cette sonate dans « Le rêve d’une lampe de chevet », opus 9. Les voici à nouveau, cette fois, dans leur contexte d’origine : au sein d’une sonate en trois mouvement. – Le premier mouvement est dans les couleurs des compositeurs français de la fin du XIXème siècle, comme Claude Debussy. Le second mouvement est une passacaille reposant sur un thème chromatique en 7 mesures. Cette structure en 7 mesures, est celle qu’affectionnait le luthiste Sylvius Leopold Weiss dans ses passacailles. Voici pour la structure. Quant au style, il est également dans les couleurs de Debussy. – Le troisième mouvement est une tarentelle, qui, elle aussi, aurait pu être composée à la fin du XIXème siècle. Cette deuxième sonate est dédiée au merveilleux musicien et guitariste Enno Voorhorst.
Dans le premier mouvement, j’utilise l’ambivalence des subdivisions. Toutes les phrases de ce premier mouvement comptent 12 temps. Ces douze temps peuvent être subdivisés de diverses façons : 3 mesures à 4/4. Ou 4 mesures à 3/4 ou à 6/8. Ou encore 6 mesures à 2/4. Les mesures peuvent se subdiviser en 2 * 3 croches (mesures 1 du premier mouvement) ou 3 * 2 croches (mesure 2 du premier mouvement. Je n’invente rien, Sanz au 17ème siècle, Albéniz, Granados, Turina au tournant du siècle dernier, jouent constamment avec cette ambivalence, ainsi le rythme devient « joueur », « léger », « pétillant », et c’est très agréable pour le musicien comme pour l’auditeur. Personnellement, l’ambivalence du rythme me donne une sensation d’ivresse.
Depuis des années, je compose par blocs de 4 ou 8 mesures. D’abord à la guitare, ensuite, je note le tout sur du papier à musique à l’aide d’un crayon (une gomme est à proximité).
Comment j’ai composé ce prélude 10
Pour ce prélude, j’ai commencé par l’écrire en MI mineur, et puis je me suis trouvé bloqué mesure 21. Que faire ? Ma réponse, pour ce prélude, : contourner l’obstacle ! J’ai transposé les 21 mesures en RE mineur et, là, miracle, j’ai trouvé moyen de dérouler une suite.
C’est la première fois que j’employais ce truc de la transposition. Je m’en resservirai peut-être pour déjouer de futurs blocages.
Jusqu’ici, quand je ne savais plus continuer la musique que j’avais commencé : je passais à autre chose et je laissais reposer la musique une semaine, ou 15 jours, avant de m’y remettre avec un regard neuf. Ou bien, je recherchais dans mes autres pages inachevées, une page ou un passage qui pourrait s’incorporer à ce que j’avais fait, pour me permettre de poursuivre.
D’ailleurs, dans ce prélude 10, vous verrez, mesure 22, après la petite virgule de la mesure 21 : l’ambiance change. Plus tard, arrivé mesure 41, je commençais à sentir que j’en avais assez dit, alors j’ai trouvé un moyen de boucler, c’est à dire de retourner au début, en plaçant une reprise mesure 43. Il ne me restait plus qu’à trouver une suite et fin (les mesures 44 à 46) à la mesure 39 pour achever le prélude.
Comme presque toujours, je ne conclue pas par une cadence parfaite.
Au final, il semble que le résultat soit bien reçu ; c’est à dire que les commentaires que j’ai reçu de mes auditeurs me font penser que ce prélude à l’air de faire plaisir aux auditeurs, ce qui est mon but.
Comme je disais, en cas de blocage, je pratique le collage. Par exemple je compose une première page, et puis j’y ajoute une page d’une autre composition, inachevée elle aussi, pour pouvoir poursuivre. Avec ce collage de deux compositions inachevées, j’obtiens une pièce complète et je suis content. Il me faut juste soigner le passage d’une partie à l’autre.
Pour faire passer le collage en douceur, je peux incorporer, dans la première page, des petits bouts (des « échantillons ») de la deuxième page, ainsi je prépare l’auditeur au changement d’ambiance et à l’éventuel changement de mesure qui va survenir. J’ajoute, éventuellement, un petit pont de quelques mesures pour relier les deux pages, et « oh joie sans mélange »: ça fonctionne !
Ma pratique de la création musicale est très proche de l’activité d’un cuisinier. J’utilise des ingrédients, un tour de main, de la culture (depuis mon enfance, j’ai lu 1 à 2 mètres cubes de partitions de tous styles, de toutes époques), de la créativité, de l’autonomie, une capacité à donner du liant, un goût pour ce qui est ludique, et je livre rapidement le tout, encore chaud, à l’auditeur.
Notez que la mesure 31, de ce prélude 10, est « optionnelle », on peut ne pas la jouer, ça fonctionne aussi bien. Cette mesure optionnelle est volontaire. Depuis longtemps, j’avais envie d’utiliser le terme « vide », un terme qui est peu employé en musique. Là, dans mon enregistrement vidéo du prélude 10, je joue cette mesure 31. En musique écrite, le terme « vide » indique qu’un passage est facultatif.
Impromptu n°2, opus 30
Le 18 mars 2024, à Bastia, j’ai composé les 32 premières mesures de ce deuxième impromptu. Arrivé là, le souvenir de quelques pages écrites en septembre 2006 m’est revenu. J’ai vérifié dans mes archives et, effectivement, les deux compositions se marient et se complètent harmonieusement. Revenu chez moi, à Brest, j’ai un peu retouché la composition de 2006 en modifiant quelques mesures pour, définitivement, assembler les deux œuvres.
Ensuite, j’ai réalisé une mise en page pratique. Les harmoniques naturelles des fins des mesures 28 et 64 peuvent se jouer avec une seule main, ce qui permet de tourner les pages avec la main libre. Bref, vous pouvez imprimer ce PDF en recto-verso pour le lire sans interruption.
Si vous jouez cet Impromptu, je vous donne un conseil pour les sonorités : jusqu’à la mesure 32 : jouez la mélodie entre rosace et la touche avec du vibrato. Jouez l’accompagnement entre la rosace et le chevalet.
En février 2024, j’ai révisé « Viviane » que j’avais composé en 1991, et je lui ai adjoint deux autres pièces (« Merlin » et « Rivage »). Deux pièces conçues en 1992 pour aller avec « Viviane » et former la « Suite Bretagne ». Deux pièces que j’ai gardé en réserve pendant des années.
En mars 2024, pour compléter et achever cette suite, j’ai reconverti un ancien tango en « roches du Diable » et j’ai composé une cinquième pièce : « Le pont de Sein ». Le pont de Sein est un long chapelet de roches qui, de l’île de Sein, mène au phare d’Armen. Cette dernière composition termine la « Suite Bretagne », suite que j’ai mis 32 ans à achever.
La « Suite Bretagne » raconte l’histoire d’un franchissement. Le passage d’une rive à une autre, une sorte d’initiation. Pour être plus précis, cette suite raconte le passage de l’imaginaire au réel et du réel à l’imaginaire, deux territoires qui se partagent mes pérégrinations quotidiennes de musicien.
Suite Bretagne, opus 29
Rivage Le rivage est une lisière entre deux mondes. D’une part le monde terrestre, aérien, conscient, charnel, solaire. Et, d’autre part, un monde intérieur, celui régit par la Lune, où s’épanouissent l’inconscient et les saisissantes images du rêve. Au delà de la mer, il y a forcement une autre rive, un autre monde. Si vous regardez vers l’autre rive, vous vous apprêtez au changement, à passer un cap. Le rivage est un monde où les sons sont rythmés, organisés, par d’autres cycles que ceux qui régissent les terres. Un éventuel pont peut réunifier ce que la mer, ou le fleuve, a divisé. Ce sera l’objet de la dernière pièce de cette suite.
Viviane La fée Viviane, ou « Dame du Lac », est un personnage mythique des légendes arthuriennes. C’est elle qui donne l’épée Excalibur au roi Arthur, c’est elle guide le roi mourant vers Avalon. Avalon est appelée « l’île Fortunée », parce que ses campagnes fertiles n’ont pas besoin d’être sillonnées par le soc du laboureur ; sans culture, l’île produit de fécondes moissons. On y vit plus de cent ans. Cette île mythique, ce paradis caché, est évoquée dans « Viviane », à partir de la mesure 9.
Merlin Dans le cycle arthurien, Merlin prédit le cours des batailles, il influe sur leur déroulement et entraîne la quête du Graal. Homme sauvage, proche du monde animal, Merlin se retire régulièrement en forêt. Dans ses vieux jours, Merlin tombe amoureux de la fée Viviane, à laquelle il enseigne ses secrets de magicien. Merlin sait que Viviane va l’enfermer dans une prison d’air, en usant de l’un des sortilèges qu’il lui a enseigné. Merlin consent et se laisse enfermer pour toujours par celle qu’il aime éperdument.
Les roches du Diable Le lit de la rivière Ellé, au sortir de gorges profondes, se transforme en un chaos rocheux impressionnant. En hiver, les eaux tumultueuses de la rivière dévalent la pente en se faufilant entre d’énormes blocs rocheux, donnant naissance à des rapides et des tourbillons. Sur la rive gauche, d’énormes rochers, les « roches du Diable », surplombent le site de façon spectaculaire. Quand le soleil se glisse entre les hauts feuillages qui bordent les rives, la lumière chatoie sur le granite qui lui-même chante au contact vif d’une eau lancée à pleine vitesse.
Le pont de Sein Sein est un véritable radeau de roches et de sable, posé à plat sur l’océan, à huit kilomètres à l’ouest de cet énorme cap granitique bien connu des touristes, la pointe du Raz. Séparée du continent par le Raz de Sein, et du grand large par l’éperon sous-marin de la Chaussée d’Armen. Cette île est comme le pivot d’une gigantesque hélice aux pales infernales. Dès la fin d’octobre, la terrible ronde commence, transformant bientôt la mer en un immense tourbillon d’écume. Au-delà de Sein, à l’ouest de l’île, les roches de la chaussée sous-marine, vestiges d’un continent disparu, forment, sur quinze milles, leur chapelet maudit, constitué du « Pont de Sein », puis de la « Basse froide ». Là, à l’est de la « Basse froide », brille le phare d’Armen.
Choro Biscornu, opus 26a Choro Maxixe, opus 26b Picking à Bastia, opus 27 Comme des vagues, Île Wrac’h, opus 28
Picking à Bastia, opus 27 il y a une semaine, j’étais à Bastia, en Corse, auprès de mon père. Dans son jeune temps, mon père portait des sérénades en s’accompagnant de sa guitare (et il avait beaucoup de succès). Ces derniers jours, je lui jouais mes nouvelles compositions, dont ce « Picking à Bastia ». Je jouais aussi Recuerdos de l’Alhambra, qu’il aime particulièrement. C’était un moment à nous.
Comme des vagues, Île Wrac’h, opus 28 cette pièce est dédiée à la mémoire d’un ami cher : Monsieur Ahcen Jacques AÏCHOUN, un homme bon et fort, plus fort que la tristesse et la douleur. Nous avons partagé de bons moments ensemble sur nos kayaks et sur terre, il me parlait souvent de son fils Mathieu. Dans ses derniers jours, c’est lui qui menait notre dialogue, vivant et généreux, jusqu’au dernier moment. Paix à sa belle âme.
Une sonate en trois mouvement, clairement influencée par la musique espagnole des années 1960, influencée par des compositeurs comme Federico Moreno Torroba, ou bien Joaquín Rodrigo.