PDF: Jean-François Delcamp – Danse de la rue Maleyssie, Opus 34
De 1972 à 1979 j’étais un des heureux élèves du Conservatoire à Rayonnement Régional de Saint-Maur-des-Fossés.
Mon professeur de guitare était le bienveillant et talentueux Berthie Compostel, auquel dois mes bases et beaucoup plus.
C’est Berthie qui me disait, alors que j’avais eu le tort de me permettre de modifier une œuvre : « Si tu veux être créatif ou inventif : compose, ou improvise, mais ne déforme pas les œuvres des autres ». Depuis, j’ai suivi fidèlement son conseil.
J’ai un souvenir précis de Berthie m’encourageant. Alors que je jouais la « Gavotte BWV 1006 » de Bach, il me disait , « joue guitare », « pleine guitare », « dans le son ». Obéissant à ces directives, je jouais de la guitare : je faisais des guirlandes de notes, parcourues par des courants d’intensité et cela faisait de la musique. Tout étonné, je découvrais, grâce ses encouragements, qu’il y avait un moteur à l’intérieur de moi. Un moteur capable de donner vie aux phrases et que, pour allumer ce moteur, je devais jouer comme on joue avec un ballon : en m’adaptant sans cesse, en habitant le présent, en faisant circuler l’énergie. Je devais pleinement « habiter » les notes que je produisais, m’y investir de tout mon être, ressentir et exprimer.
C’est tout ce que j’avais à faire : ressentir et exprimer. Ce jour là, par son attitude, par ses encouragements, Berthie, mon professeur, m’avait mis sur les rails.
C’est toujours grâce à Berthie que j’ai découvert le hâta-yoga auprès de Sri Mahesh Ghatradya, qui enseignait au « Centre de relations culturel Franco-Indien » de Paris, à une époque où, bien que je n’ai que 17 ans, j’avais besoin de retrouver mon centre et d’affuter mon corps. Sri Mahesh avait une connaissance très fine du corps humain, il avait commencé à pratiquer le yoga dès l’âge de 5 ans. Un jour, alors que je lui décrivais une douleur dorsale, il m’a manipulé, en lien avec ma respiration, la douleur a immédiatement disparu. Ensuite, à ma demande, il m’a montré les gestes à faire pour que ma douleur ne revienne pas. Cet éminent sportif, fils adoptif de Françoise Dolto, a enrichi la France de culture indienne. Yogi hors pair, il inaugura la pratique en France. Au milieu des années 1970, je pratiquais le hâta-yoga 2 à 3 heures pas jour.
Aujourd’hui j’ai délaissé le yoga au bénéfice des arts martiaux chinois. Je suis un des heureux élèves de l’École Wushu Brest, mes maitres sont Renping Su, Renfeng Su, Yvan Velard et Frédérik Moizan. Dans l’année, je pratique les arts martiaux chinois de une à plusieurs heures par jour.
Voici donc une bossa nova, la « Danse de la rue Maleyssie, opus 34 ». Cette pièce est dédiée à la mémoire de mon regretté professeur de guitare, Monsieur Berthie Compostel. Les mesures 9 et 10, sont issues d’un des cours de Berthie, un jour où il m’avait fait aborder « Bluesette » de Toots Thielemans. Je cite, par moments, la rythmique de « Take Five », une composition de Paul Desmond.